Yoga

Professeurs : Marie-Claude VANNIER et Guy DE CANCK

Activité pour adultes

« Le yoga n’aurait jamais rencontré une telle audience s’il n’avait pas comblé une attente de l’Occident »

Souvent galvaudé, le yoga n’est ni un sport, ni une religion, ni une simple technique de bien-être. Revenant sur l’histoire plurimillénaire de cette pratique, l’universitaire Ysé Tardan-Masquelier livre une histoire intellectuelle du yoga inédite et stimulante.

Le Monde Spiritualité- Publié le 19 décembre 2021

Pratiqué par près de 300 millions de personnes dans le monde, le yoga est, pour nombre de ses adeptes, bien plus qu’une simple activité sportive. S’adressant à la totalité de l’être, il engage le corps autant que l’esprit.

Que signifie le mot « yoga » ?

« Le mot “yoga” sera associé à l’idée de discipline intérieure, de chemin de vie »

En quoi consistait le yoga à ses origines ?

A l’époque védique, c’est-à-dire à la fin du IIe millénaire avant notre ère, des ascètes pratiquaient des exercices assez austères – des positions inversées ou des assises très longues, conjuguées à des exercices sur la respiration ou à des jeûnes, par exemple. Quoique rares, les témoignages sur ces ascètes deviennent plus fréquents dans les siècles qui suivent, en particulier à l’époque de l’expédition d’Alexandre le Grand (IVe siècle avant notre ère), qui aurait rencontré des ascètes en Inde. Appelés « gymnosophistes » – littéralement les « sages nus » – par les Grecs, ils étaient capables de rester très longtemps assis en plein soleil, entourés de feux augmentant encore la température, ou autres exercices héroïques.

Pour autant, ces pratiques ne sont pas encore désignées par le terme de « yoga » mais par celui de tapas, qui signifie l’ascèse, l’ardeur ascétique. Yoga garde plutôt son sens de discipline de vie, de sagesse, tel qu’on le retrouve dans la Bhagavad-Gita, et surtout dans le grand texte fondateur du yoga, les Yogasûtra, composés vers les IIIe-IVe siècles de notre ère.

A quel moment les asanas, ces postures si emblématiques du yoga, ont-elles commencé à se développer ?

Apparemment assez tard, au début du IIe millénaire de notre ère. Il y a alors convergence entre les exercices ascétiques et la philosophie du yoga, donnant naissance à une sagesse qui s’incarne, qui en passe par le corps. Des exercices posturaux, respiratoires ou de visualisation d’un espace subtil interne, dans le corps, vont peu à peu se développer. Le tout est à l’origine du hatha yoga, qui s’est formé entre le XIIIe et le XVe siècle.

Quel rôle joue le souffle, et pourquoi est-il si fondamental dans cette discipline ?

Les premiers expérimentateurs, les ascètes dont je parlais tout à l’heure, ont compris qu’il existe une relation entre le souffle et les émotions. Lorsque le mental est agité, il se disperse, et la respiration est agitée elle aussi. Inversement, quand on calme le rythme respiratoire, cela produit un effet sur le mental et les émotions.

Ensuite, la respiration n’est que le reflet au niveau de l’individu de quelque chose de beaucoup plus universel : le souffle de vie, cette aspiration vitaliste qui fonde l’existence de l’univers. Il y a un continuum entre le corps humain et le cosmos, qui sont animés des mêmes souffles – ce pourquoi la fonction respiratoire de l’être humain a été fortement investie.

Par quelle alchimie l’enchaînement des postures peut-il, dépassant la simple gymnastique, favoriser l’apaisement du mental ?

L’enchaînement des postures ne se justifie que s’il introduit l’ensemble de l’organisme humain dans un rythme fluide qui l’apaise. La médiation de la respiration est donc indispensable. On peut bien sûr pratiquer le yoga comme une gymnastique raffinée, afin d’apporter un équilibre sur le plan physiologique. Mais, en réalité, il joue sur plusieurs octaves. Très vite, même si l’idée d’une séparation du corps et de l’esprit est mise en avant par notre rationalité occidentale, le pratiquant se rend compte que ces derniers sont intimement liés. Travailler sur le corps avec le fil du souffle agit nécessairement sur l’esprit.

« Ce qui distingue le yoga d’une gymnastique raffinée, c’est son ouverture vers un niveau de perception plus subtil »

Marginale pendant des millénaires, voire élitiste, la pratique du yoga est devenue universelle. Pourquoi ?

Le yoga n’aurait sans doute jamais rencontré une telle audience, en dehors de cercles extrêmement restreints, s’il n’avait pas comblé une attente de l’Occident. Lorsque les premiers gourous arrivent à la fin du XIXe siècle, des mouvements critiquant la modernité comme étant trop rationnelle, trop matérialiste, insuffisamment humaniste, traversent déjà les sociétés occidentales. Cette modernité qui a enfanté la révolution industrielle ne répond pas à certains besoins essentiels, de bien-être et de spiritualité.

Selon une récente enquête menée par le Syndicat national des professeurs de yoga, 10 millions de Français ont pratiqué le yoga au cours des trois dernières années, soit une augmentation de 300 % en dix ans. Faut-il se réjouir de cette démocratisation du yoga, ou s’inquiéter du risque de le voir galvaudé ?

Le yoga est, d’une certaine manière, déjà galvaudé. Ce que cette enquête fait ressortir, c’est l’ampleur du phénomène yoga en France, puisqu’un cinquième des Français adultes pratiquent ou ont pratiqué le yoga ces trois dernières années.

Vous écrivez que le yoga est une « école de sagesse ». En quoi cette école de sagesse reste-t-elle pertinente pour notre temps ?

Le yoga est plus pertinent que jamais, me semble-t-il, car la modernité dans laquelle nous vivons est complexe et nous désoriente. Il permet de se recentrer, de mettre de l’ordre dans son organisme physique et psychique – pour en revenir au sens ancien de « yoga », celui d’atteler ses énergies afin de marcher sur un chemin. Le yoga est une voie. Avoir une discipline aujourd’hui, en cette période de transformations rapides, déroutantes, me paraît extrêmement précieux.

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite s’initier au yoga ?

Qu’il demande à son enseignant où il a été formé, ne pas s’en remettre à n’importe qui, et aussi cultiver la patience. S’il arrive que l’on soit enthousiasmé dès le premier cours, le yoga s’apprivoise souvent petit à petit. Il infuse dans le corps et travaille en profondeur. Il faut avoir la patience de pratiquer régulièrement pendant trois à six mois pour commencer à ressentir des effets sensibles.

Virginie Larousse Le Monde

Les cours ont lieu les mardi :

  • de 11h30 à 12h30 avec Marie-Claude VANNIER – salle de danse
  • de 12h40 à 13h40 avec Marie-Claude VANNIER – salle de danse
  • de 17h00 à 18h00 avec Marie-Claude VANNIER – salle des fêtes
  • de 18h15 à 19h15 avec Marie-Claude VANNIER – salle des Fêtes
  • de 18h15 à 19h15 avec Guy DE CANCK – salle du Part’Age (ancienne bibliothèque de St Pryvé, place Clovis)
  • de 19h30 à 20h30 avec Guy DE CANCK – salle du Part’Age

Responsable de section : Pascal RÉTHORÉ